Penser sa sexualité
Janvier 2019
A vous qui vous êtes inscrit-e-s à ma Newsletter ou qui m’avez contactée en tant que sexothérapeute, je vous souhaite une belle et bonne année 2019 et surtout une sexualité joyeuse et nourrissante.
Bien que le sexe soit partout, que le plaisir sexuel semble normal et bon, souffrances et interrogations peuvent subsister. Bien sûr la diversité des expressions sexuelles et des identités genrales semble mieux acceptée. Et si nous baignons dans une culture hypersexualisée, sommes-nous pour autant mieux équipé-e-s émotionnellement, psychologiquement, sommes-nous mieux éduqué-e-s pour penser, nous donner les moyens, de vivre la sexualité que nous souhaitons, celle qui correspond à notre nature profonde ? Au vu de ce que je rencontre dans mon cabinet j’en doute.
De nombreuses personnes subissent, la pornographie, les injonctions sociétales de performances, la main mise patriarcale sur la sexualité comme autant d’aliénation et ressentent parfois un sentiment d’anormalité.
La sexualité est plus diversifiée et plus explicite que jamais, mais est ce que chaque personne est à même de ressentir, penser, choisir la sexualité qui lui convient ? Il faudrait avoir toujours plus de désir, de plaisir, accomplir des exploits, explorer des pratiques qui parfois font violence sous couvert d’être « libéré-e ». L’asexualité est encore peu connue et acceptée. Que nous séparions amour et sexualité ou au contraire que nous considérions qu’il ne peut y avoir de sexualité sans amour, avons-nous suffisamment de soutien et de moyens pour laisser advenir ce qui, au fond de nous, nous rend véritablement satisfait, équilibré et heureux ? Parfois les pratiques sexuelles sont en conflit avec nos valeurs et nos aspirations au plan affectif. Et quand nous sommes en relation comment gérer la différence dans les envies, dans le rythme, dans les désirs, dans les plaisirs ?
Je reçois souvent des personnes en souffrance à cause de ses différences, pour moi il y a un continuum entre asexualité et sexualité qui ne devrait pas empêcher chacun et chacune de vivre en respectant son rythme, son désir. Nous devons prendre du recul et regarder les modèles que la société et la culture nous propose, les questionner, y réfléchir et nous laisser sentir, ressentir, profondément sur ce que nous voulons. Chaque personne doit se construire sa sexualité car la sexualité est un construit culturel, sociétal, personnel, elle n’est en rien naturelle, instinctive. Oui la reproduction est naturelle et instinctive. Mais la sexualité n’a rien, vraiment rien à voir avec la reproduction depuis que nous maîtrisons notre fertilité. La sexualité a 3 fonctions principales : hédoniste, elle nous apporte le plaisir, affective, elle nous permet de nourrir le lien, et défensive, elle nous permet d’écouler notre angoisse. L’attirance sexuelle n’est ni uniforme ni universelle. Son absence n’est en rien une pathologie, l’intensité du désir varie en fonction des personnes, vouloir le normaliser c’est le détruire et générer de la souffrance.
L’évolution de la société actuelle attache une importance croissante à la qualité de vie. Or, la sexualité est une dimension très importante de la qualité de vie. L’OMS a même défini de manière explicite la santé sexuelle. Voici ce qu’elle en dit : « La santé sexuelle fait partie intégrante de la santé, du bien-être et de la qualité de vie dans leur ensemble.
C’est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en relation avec la sexualité, et non pas simplement l’absence de maladies, de dysfonctionnements ou d’infirmités.
La santé sexuelle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sûres, sans contrainte, discrimination et violence. Pour atteindre et maintenir un bon état de santé sexuelle, les droits sexuels de tous les individus doivent être respectés et protégés. »
La notion de « sans contrainte » me paraît fondamentale, c’est pour cela qu’il me semble nécessaire que chacun-e pense sa sexualité en dehors des diktats sociétaux. Et ceci est particulièrement important pour les femmes qui sont encore pour certaines sous le joug d’une norme sexuelle patriarcale qui les objectise.
Penser sa sexualité, c’est justement ce que je me propose de faire dans les prochaines newsletters : vous offrir des sujets de réflexion, des informations, mon point de vue sur certains enjeux majeurs de la sexualité.
A bientôt