Le désarroi des couples
Février 2024
Déconstruire le couple : 30 % des couples se séparent après 5 ans.
La vision du couple amoureux exclusif et fidèle, pérenne, co-habitant avec enfants, maison, a t’il fait son temps ? L’idéal du couple des années 70 a fait long feu.
La sexualité est devenu le signe de la bonne santé du couple, or l’excitation sexuelle diminue avec le temps passé avec une personne, la faire durer constitue un vrai travail qui demande un investissement des deux personnes très exigeant. Il faut donc y réfléchir tranquillement.
Rester lucide également et ne pas se voiler la face, la relation est appelée soit à se momifier pour durer, soit à décliner ? Il convient donc de passer au crible de la réalité notre modèle idéalisé issu des contes de fées de la relation modèle.
La question de la fidélité doit impérativement être posée, comment faire face à l’infidélité qui statistiquement en tout cas risque d’arriver. Notre imaginaire hétérosexuel monogame doit être examiné à l’aune des faits. Qu’est ce qui compte ? La fidélité amoureuse, la fidélité sexuelle, les deux ? que va-t-on faire s’il y a une entaille dans le contrat ?
Quelles que soient les réflexions et discussions, cela a au moins le mérite de passer de l’implicite à l’explicite. Ça semble « casser un peu l’ambiance » mais c’est au combien nécessaire pour que la relation parte sur de bonnes bases. Et le contrat peut évoluer avec le consentement des deux personnes.
Le lien est fragile, miser sur le lien pour être heureux-se est illusoire, ne vaut-il pas mieux construire un bonheur en soi, pour soi et le partager joyeusement dans la précarité des relations ?
Changer de modèle, même si culturellement, économiquement tout nous pousse vers le modèle romantique du couple hétéro pérenne, nous évitera sans doute beaucoup de souffrances. Je ne dis pas qu’il ne faut plus faire couple, mais qu’il faut faire couple lucidement, prudemment et sans confier à l’autre des missions impossibles : thérapeute, confident-e, conseiller-e, meilleur-e ami-e, coach.
Le couple est maintenant riche de tant de possibilités qu’il est en fait un chantier permanent où la communication et la capacité à se parler intimement, respectueusement est fondamentale.
Les sociologues sont maintenant unanimes, nous vivons une époque où le couple change, devient protéiforme, il y a tant de modèles possibles. Il y a surtout une nécessité permanente d’investissement, d’engagement, d’implication, de communication, d’échanges bienveillants.
Le couple reposant sur le libre arbitre et les sentiments est terriblement exigeant. Il faut être prêt-e à s’y consacrer avant le travail, avant les enfants, avant les loisirs…
Voici ce que dit Eva Illouz dans son livre La fin de l’amour, enquête sur un désarroi contemporain : « Le couple fonctionne selon une économie de la rareté, au sens où il requiert des vertus et une force de caractère que la société moderne ne nous inculque plus. Il suppose que l’on soit capable de singulariser autrui, de renoncer au calcul, de tolérer l’ennui, de mettre l’épanouissement de côté, de s’accommoder d’une vie sexuelle (souvent) médiocre, de préférer l’engagement à l’insécurité contractuelle. »